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23.2.18

17.3.17

Kali Yuga


il y a un trouble dans la génétique
dans la nuit un glitch
comme une irrégularité le non dans le dans la
dans le flux des contingences non cercare di capire
une idole tachetée léoparde
aux griffes aux griffes aux griffes
vagina dentata #cliché
stérilité féconde
le rien découlé du tout le tout qui
le tout qui repose sur le
sur le rien sur le
sur le rien qui s'étire et s'étiole et accouche
du tout

ti sto prendendo in giro
ma sono seria

fécondité trois
forteresse, château, cité
cisti dermoide
verbe insipide, collier de fer
verbe translucide éphémère
le verbe voué à la
à la transmutation
verbe verne berne ferne ferme
smetti di pensare
ignore le bruit
smetti di pensare
ignore le subterfuge
sois insolent sept fois dans ta bouche gira, ti dico!
avant que la respiration ne cesse
avant que la femme écarlate
ne pose ne se pose glacée ne ses lèvres glacées
ne posent ne se posent
sur les tiennes

terreur, inspiratrice, sauvage, cruelle, déesse
incubba succuba #cliché
tu sauras tu connaîtras
la vie grande ouverte
la vie consacrée
la vie dérivée
les angelots cupides
vidangés dévidés
cupido tradito
tu sauras, tu connaîtras
la bouche cousue stai zitto, donna!
de lassitude
de porter d'apporter la jarre
sono stanca dell'acqua
le détournement du thé occhio nebbioso
l’œil baigné dans la réputation occhio vaporoso
réputation du brahmane éculé vaffanculo la jarre
la jarre qui se vide encore et encore
la vie qui s'écoule
carrousel
procéder aux boucles la boucler procéder aux cérémonies
cernée perpétuelle sacrificielle
onore del sacerdote
le culte après la cérémonie
le culte avant la conception
il gatto é alla finestra
se dérouler se doit se dérouler se doit correctement
le culte et les crocs
la cuite et les crocs
la dette
les coups la coupe le sang
le couplé l'accouplement culbute
idole accouplée à l'aube à la nuit à ce que tu veux
luna di miele, luna di sangue #cliché
tu sauras tu connaîtras la solitude
lorsque les lorsque les
lorsque les pressés comme des citrons
les théologismes parviendront
à leur terme कलियुग
divinités abrégées réduites
à des figures humaines

et je mettrai l'eau à bouillir
et j'y jetterai le riz
et je mettrai l'eau à bouillir
et j'y jetterai le dahl
et je mettrai l'eau à bouillir
et je m'y jetterai moi
nombreuses, nous avons été brûlées
mais la trace reste

déesse écarlate
bhairavi en bikini
syndicat d'orion
dépravée sur une plage de sable rouge
la peau l'huile
teknival à gokarna
l'huile sur la peau (rouge)
l'outrage du vieux brahmane et bhairavi offerte dov'è lei?
aux crocs de la réalité
bhairavi manifeste
non mi desiderare, sono gia libera
bhairavi dévoilée
non cercarmi io, sono gia qua
sisyphe wu gang gang-bang wu-tang clan kāśi flambe
épilation systématique du contenant des formes
sono uscito, si!
verbe verme derme
épilation drastique de tout ce qui dépasse
translucidation de l'épiderme
dénuement de l'épicentre
molécule après molécule
saut de puce
ce qui déjà était là déjà déjà là oui bien évidemment
révélé sans fanfare
sans préoccupation formelle
sans se préoccuper des formes
qui nous occupent
qui nous amusent
qui temporisent à la marge

le verbe voué à la
mutation mutafaction mutréfaction pu
putréfaction !
et de nous et de nous et de nous nous inverserons les
les cycles
et ce jusqu'au sati
et nous recomposerons la chair à partir des cendres
la chair à la chair, le sang au sang
et à la fin all'inizio
tout redeviendra génome

et toute beauté que tu créeras en ce monde
sera conjuration
conjuration oui

A.K.

(Clin d’œil à Antonella Eye Porcelluzzi)

28.2.17

Sur le fil


il n'y aurait rien
rien qu'une moinesse amadouée robe en lin contentée de rien retirée dans la
dans la résolution renouvelée du matin
il n'y aurait que des mantras tartinés sur la routine
il y aurait la discipline et le désir qui courbe
il n'y aurait pas de vie sur le fil il n'y aurait pas de fil pas d'accessoires pas de
pas de coquetteries de superflu d'idiosyncrasies
les idiosyncrasies ne seraient plus utiles
il n'y aurait que des cycles

il n'y aurait plus de saisons
il y aurait l'étouffant le gris le clapotis d'une mousson
puis l'incessant boucan du soleil
de janvier à août
il y aurait la nuit absente et l'omniscience du jour
le sommeil enfin régulé
l'éveil résolu comme une équation systémique
il y aurait des systèmes
il y aurait des cigales et des symboles et des cymbales et des
peut-être des clochettes ou peut-être pas
il y aurait des tablas, parfois, résonnant au loin
diffus dissertant sur les dins et les dhas les tirakitas digressant çà et là conscients concentrés
sur l’œil du syahi
et il y aurait le oui
et il y aurait le non dans le oui
et il y aurait le oui dans le non dans le oui
il n'y aurait pas d'ivresse dans la métamorphose
il n'y aurait pas de feu
il n'y aurait pas d'eau
il n'y aurait pas de tentation de l'eau
il n'y aurait pas de biais
il y aurait la trêve de tout ce qui entoure
il n'y aurait pas de président des états-unis
il n'y aurait pas d'éclats dans l'actualité
il n'y aurait pas d'actualité
il n'y aurait pas de crise il n'y aurait pas de cris
il n'y aurait pas de comptes en suisse
il n'y aurait pas de suisse
il n'y aurait pas de monde au-delà de l'ashram
il y aurait le monde entier dans l’ashram
il y aurait des autres mais ce serait des analogues
auto-abolis par choix
narcosés du moi sans hypnotiques
peu de mots seraient prononcés
la plupart en sanskrit et quelques autres langues vivantes aussi parfois
lorsqu'il faudrait balayer la cour ou préparer le dahl
tard très tard il y aurait parfois des sanglots dans l'obscurité
chacun laissé en paix
avec ses guerres secrètes
et il y aurait le rire
beaucoup de rires dans la rigueur

et il y aurait tout ça
et ce serait sûrement bien
mais je vais te dire
j’aime ces yeux visionnaires
qui me gâtent
et les répandre sur le monde
et les olives et la sauce tomate
et les tartines et la mozzarella
le souffle d'un kiss kiss et le bang bang d'un groove
emportée de porte en porte
toc toc
et me tromper
et me perdre
et me retrouver
et rêver d'androïdes et de plastique
et décompter en vain mes moutons électriques
et tout ça et le reste
et c'est pour ça
c'est pour ça que je reste sur le fil

A.K.

(Clin d'oeil à Antonella Eye Porceluzzi)

22.2.17

Bissextile


j'aime la nuit j'aime le matin je n'ai je ne sais pas quand dormir
j'aime soulever le couvercle du crépuscule et soupçonner ce qui
crucifier le jour
ce qui se cache derrière dessous derrière les
c'est vrai, mais

aller au lit c'est toujours un constat d'échec
un avis de défaite un renoncement une interruption volontaire de patacaisse une
un flop et quoi que nous ayons pu être en train de
de faire
de désirer
il faut cesser

aller au lit c'est un silence vulgaire qui s'abat sur la musique sur le
ce n'est pas du tout pareil que qu'une sieste sur le canapé avec
kruder et dorfmeister à donf et un ronron sur la panse
la sieste est une activité saine un satori à durée déterminée un je mais le mais la nuit qui engloutit ce n'est pas
la nuit n'est pas ce n'est pas fait pour la nuit n'a pas vocation
à engloutir la conscience
la nuit est émancipatrice et je dis
je dis zut raté

et d'ailleurs parfois je campe
militante enracinée sur le sofa
parce que le lit ce lit ce grand lit là il est trop vorace il n'est pas pour moi trop méchant trop grand trop imposant
un seul neurone vous manque et tout est déguerpi
(et de toute façon il fait trop chaud)

aller au lit c'est une exactitude une science
pour certains
une sorte d'aiguille plantée dans le temps
à heure fixe
mais moi le temps qui saigne ça me terrifie c'est un rififi contre soi une espèce de
une sorte d'exigence insatisfaisable
la discipline est un art mineur et je la laisse
je la laisse à ceux qui s'y connaissent en petites choses

aller se coucher se c'est une forme d'appartenance
l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt
(l'avenir c'est la mort connard)
puisqu'on te dit que c'est facile et que tu n'as qu'à faire comme tout
comme nous fermer les yeux c'est simple comme bonsoir
cher monsieur je ne sais pas qui vous êtes
et je n'ai pas le schibboleth

aller au lit c'est une épreuve de force il faut surmonter
l'angoisse il faut surmonter la
la paralysie les palpitations la prostration l’allitération le décloisonnement du réel ou pire encore
la contemplation
d'une fenêtre noire sur laquelle se dessinent
les pires néants
on a beau repousser pourtant
de click en click en click en click
jusqu'à ce que sur ce jusqu'à ce que gouffre s'ensuive
on a beau se

on sait ce qui va se passer si on y
si on ose y
si on y va
se tourner se retourner face a face b rayée comme un vieux single d'italo disco
rager rallumer se dire qu'il suffit de mourir ne penser à rien
c'est trop flippant remettre de la musique parce que le silence est insoutenable éteindre rallumer lire un
chapitre pourquoi se relever pisser couper la musique éteindre
rager rallumer lire une page pourquoi se relever remettre de la musique mais douce éteindre
de nouveau se masturber une et puis deux puis trois pourquoi quatre fois comme une comme une
promesse de se clouer les yeux à grands coups de doigts on a beau
c'est perdu d'avance

l'abolition de la peine d'aube est un projet politique
avorté reporté à sans tarder #pascesoir
sauf qu'il n'y a pas
sauf qu'il n'y a pas de sans tarder ni de demain d'ailleurs

huit heures de travail
huit heures de loisir
huit heures de procrastination
huit heures de somnambulation
seize heures de sommeil
quarante-huit heures par jour1
journée bissextile

le temps perdu est d'une valeur inestimable
si inestimable qu'on se
qu'on se l'arrache sur les marchés

1la loi précise en outre que la diminution du temps de travail n'implique pas une diminution de salaire

A.K.

(Clin d'oeil à Antonella Eye Porceluzzi)

1.2.17

Paradis vu


l'image d'un paradis n'est pas la vue d'un paradis n'est pas le paradis d'une vue l'image
d'une vue l'image la vue gâchée finalement par le filtre
le filtre sale sur ta rétine
photocopie d'une photocopie d'une photocopie tout est
tout étriqué par la tout est fade et poisseux la réalité en immersion
dans la déprivation dans la
déprivation

voir une image de paradis ce n'est pas le paradis d'une image n'est pas l'image d'un ni
poisseuse mousson tristes tropiques
le sol tapissé de choses mortes et les murs de fongus
la viande enrobée de mouches et le col de l'utérus en flammes et cet inconnu ravi de faire ta
connaissance
non vraiment non pas là non vraiment pas là non pas non
j'ai les os humides et je n'ai plus non plus
de rythme circadien

il paraît qu'à la maison il fait froid il paraît
il paraît qu'à la ronde il y a des villages et des hermaphrodites
qui se livrent à des incantations
en saris sous la pluie sans électricité des rizières et des boues
à perte de vue
je suis allée au temple et j'ai négocié contre une paire de fruits
(encens, mantra, clochettes...)
j'ai négocié le sommeil et les dieux m'ont volée
arnaquée
donné plus de danse en tout et pour tout
l'incapacité d'éteindre les rythmes
les beats en boucle sous mes tempes
le cri du jour qui me rattrape
corbeaux crieurs grossiers klaxons et le balai des femmes
tous ligués contre ligués oui
pour arracher le sommeil à mes aubes
pour écarteler mon temps

époumophonées tes prières
éventotés tes inspections
écopuisée ta danse
éreinpietée ta détermination
pitié pour mes cernes !
et le putain de saloperie de dossier de presse à terminer pour hier !
ils attendront encore un peu tant pis pour mes roupies tant pis je ne sais pas plus pourquoi je persiste à
marchander leurs tapis travailler pour les autres

la vue d'un paradis c'est un décalcomanie posé sur le ciel
une carte postale crachée bien gluante
un peu d'haleine entabassée caféinée pour en rajouter juste une couche à l'ozone
ce sera ta contribution au gruau des nuages (voyage voyage )
l'exhalation des sifflements dans ta tête
linotte !
la fenêtre est une boite en 2d je réalise à présent
qu'on nous a menti bien embobinés oui :
la terre est ronde oui mais le ciel
le ciel est plat

et lorsque l'on te parle, tu n'entends que des sons

il y a bien la plage et les tortues mortes
il y a bien le goût du masala
pour te réveiller un peu
et parfois, entre deux hébétitudes
le sourire indulgent d'un enfant
qui sait bien que tu n'es pas des leurs même si
même si tu leur ressembles

parce qu'eux ils dorment et ils n'ont pas le temps non pas le temps non
de se demander pourquoi

et c'est indécent comme tout ici va si va si vite ici va si
bien que pourtant tu ne voies plus les choses
qu'au ralenti d'une photocopie tout est
le grand air comme un aquarium
bruits sourds et le vent son sourdine

la vue d'un paradis n'est pas l'image d'un paradis n'est pas la vue d'une image la vue
d'une image la vue l'image tronquée à la marge
les sous-titres cryptiques
qui s'effilochent
au fur et à mesure que le sommeil t'échappe
parfois, tu te sens cryptide
rêvée peut-être loin là-bas par un lunatique
un petit bâtard qui t'aurait
inséminée de paradoxes
et puis t'aurait lâchement
tatoué la nuit sur la rétine

A.K.

9.4.16

31.3.16

Plante


à chaque fois que je me craque un deuil
une
ça cra il y a un truc qui dézingue et je ne dis pas que ce n'est pas commun mais enfin y faut pas
y faut pas s'ébruiter finalement
il faut s'éparpiller dans le calme

y faut pas se laisser coller le visage sur du papier glacé ça glace le ça frise le ridicule ce genre de d'exhibition finalement
il y en a même pour venir s'enfourner du pop-corn
quand il y a du spectacle ah ça oui ah ça oui on peut compter sur les gens pour
pour venir se gaver s'empiffrer s'en mettre jusque-là du
du malheur des autres
« viens voir la kalyani qui crame »
tu peux pourrir pétasse parce que les brunes
parce que les brunes se cachent pour pleurer
(les brunes comptent pas pour des prunes et tout ça mais bon va falloir se calmer là)

à chaque fois que je me craque un deuil
une fissure dans mon image de marque une
blessure

je compute je ne
compute pas
je compute je ne
compute pas

à chaque fois que je me plante ou qu'il y a une erreur de
c
 a
  s
   t
    i
     n
      g un problème de
démonstration des actions en chute
libre
que je perds des parts de marché en somme
c'est une effusion de commentaires et de pouces rouges en chair et en sang tatoués sur le
sur mon front la honte

à force d'être multiple et pacifique on s'ennuie
sur les lignes de front statiques à force d'être
honnête
on s'embourbe
comme ça parfois dans les tranchées
de la vie quotidienne
lorsqu'elle vous découpe en tranche
c'est chiant la chanson française
j'aime les guerres secrètes
les conflits métaphoriques
les trucs qui comptent pas

lorsque je me plante un deuil dans l’œil il y a
il y a l'incrédulité d'abord
(il ne fallait pas te noyer dans ses fluides)
un petit bouquet d'indignation
(je ne vous avais pas engagé pour ça !)
une imprécation ou deux pour la forme
(putain d'enculé de ta race !)
une poignée d'amour
(reviens, merde !)
et puis, comme tout est dit
on met la musique à fond et on
on se laisse groover

parfois tous ces traits enturlubinés dans tous les sens ça donne le sentiment
(ne hurle pas)
que nous vivons dans un dôme anarchique et que
tout
peut arriver
(ne hurle pas)
comme ça, n'importe comment et à qui

et pourtant te dire que dire que nous ne savons rien
ce n'est pas vraiment vrai parce que tout de même
on en sait des trucs à présent

A.K.

1.3.16

Parution.10

Mon texte Comme une au sommaire du quatorzième numéro de la revue Barillet.


A.K.

26.2.16

Le langage des bébés


le bébé des voisins je l'ai euthanasié je l'ai tu je l'ai
délivré
il aboyait beuglait braillait sans arrêt c'était un
un vacarme inouï une sorte d'apocalypse prématurée je
ça faisait peur au chat

je n'en pouvais plus non c'est vrai mais je
ce n'est pas pour moi que je l'ai fait non pas pour moi non je l'ai
je l'ai délivré le pauvre enfant j'y ai réflé longuement réfléchi des heures durant pendant que les
murs en vibraient d'effroi tant il vociférait ce bébé c'était
on s'en serait tapé la tête contre le miroir

il m'a fallu toute une insomnie toute une nuit oui pour comprendre
que le poupon s'époumonait parce qu'il
il ne voulait pas être là non pas là c'était très clair
parce que quelqu'un qui hurle sa détresse avec autant d'obstination de manière si inflexible il ne il n'est
il n'est pas heureux non

alors je suis entrée en douce un soir que papa maman s'opiumaient devant la télé
je lui ai caressé la tête et j'ai murmuré ne crains rien bébé je vais mettre fin
mettre fin à ton calvaire je comprends moi que cet endroit ne te convient pas ça ne te convient pas non pas du tout
tes parents sont égoïstes ils ne pensent pas à toi mais moi je sais faire preuve
je sais faire preuve d'humanité

puis doucement tout doucement oui j'ai pressé l'oreiller je l'ai renvoyé
je l'ai renvoyé là d'où il venait
cet endroit que l'on ne connaît pas mais qui doit être assez joli mieux qu'ici en tout cas
à présent ils vocifèrent qu'il faut m'enfermer dans un asile une prison il y en a même pour vouloir
pour vouloir me trancher la tête

mais moi je sais je le sais bien oui que ce bébé
il était malheureux ce bébé c'est tout
malheureux comme les pierres et je n'ai fait que l'aider c'est tout
les adultes ils sont bêtes ils ne pensent qu'à eux
ils ne comprennent pas le langage des bébés

A.K.

6.2.16

23.1.16

#pascesoir


on s'accroche on s'emporte
on s'écorche on se déporte
on se débat sauvages entre les mailles du
rythme
irrésistibles lorsque nous nous miroitons l'iris
comme ça
au ralenti

ne me dis pas ne me dis pas non qu'on ne peut pas
s'accorder une danse au moins
(est-ce que c'est ça, l'amour ?)
juste une cabriole
mais sans renverser nos verres
(est-ce que c'est ça, l'amour ?)
et après si tu veux
on ne se parlera plus jamais

nous ne serons pas désolés non nous ne serons pas
navrés d'avoir été des monstres en apnée
le temps d'un étourdissement
à l'abri des sermons des absurdités des dictées
n'abusez de l'ecstasy qu'avec modération
faire la toupie, c'est dangereux pour l'acuité
#pascesoir

donne-moi un peu
donne-moi un peu de ta sueur
donne-moi un peu de ce sucre qui dégouline
lancinant
tout le long de ton cou
prête-moi ces lèvres, juste un instant
entre deux bpm
après, promis, je retourne au bar

toi tu goûtais paris, toi tu goûtais genève
toi tu aimais te poudrer en stations l'hiver
toi tu kiffais les soirs de blackout à new york
moi je trottais dans les ruelles à lyon et ça
ça c'était bien ça me suffisait
et de toute façon, vous êtes toutes revenues
je vous attendais là, bien sage

que sera sera mais un jour
lorsque nous serons taillées tout encadrées
que des mini-stagiaires en com nous siffleront à l'oreille
entre deux cafés froids
que nous avons perdu notre conjecture et que nous sommes vendues
on leur soufflera que nous ne sommes vendues qu'à nous-mêmes
une sorte d'auto-consommation
et que ça a toujours été comme ça parce que nous parce que nous
parce que nous sommes nées avec des paillettes en argent sur les cils

mais ce soir je vais m'oublier dans tes je vais
te susurrer des sortilèges à l'oreille
avec une voix de vocodeur
spécialement travaillée pour toi
spécialement conçue pour que tu oublies
d'arroser la flore et que tu te contentes
de mes jeux de gonzesse

alors je saute et tu sautes et je tu il nous vous elles
on était venus pour ça de toute façon
on était venus pour en découdre
compter les points mais pas les perles
s'enfiler des selfies juste pour le plaisir
de les effacer ensuite
en duckface, s'il te plaît
#yeuxplissésjouesrentrées
puis nous trinquerons à la mémoire
de katharine et d'audrey

ne parlons pas des élections, ne parlons pas d'autre chose
(high)
que du mix et de mes dreadlocks
ou à la rigueur
de la couleur du cocktail
nous n'avons pas besoin de certitudes
et si on danse (et si on danse)
tu auras ton trophée fluo
ta glitter ball à toi rien qu'à toi
le temps que tous ils nous voient bien
(comme elle est beeeelle !)
et puis chacun rentre chez soi
avec du thé et des cookies
j'ai un chat de toute façon
il ronronnera pour moi s'il n'y a personne d'autre

et j'écouterai des ragas pour me calmer
ou peut-être talvin
je regarderai la télé sans le son
et je collerai d'autres mots sur les images
à bombardement, je substituerai canicule
à terrorisme, je substituerai mélanine
à fatwa, je substituerai cunnilingus
et les publicités me feront rire
surtout les plus connes

mais en attendant
on pousse on repousse les contours
parce que les contours sont moins intelligents que nous
je te pousse et tu me sanctifies
tu me pousses et je te tourbillonne
et tu ne connais pas mon nom
et je m'en fous
parce que ce que j'aime en toi
c'est que tu es là c'est tout
nous n'avons pas besoin de la promesse d'une aube
pour siroter la nuit

et nul ne nous sauvera de nous-mêmes
et nous n'assainirons pas nos audaces
et que ça plaise ou non au videur
nous entrerons et sortirons comme il nous chante
parce que nous sommes dans les petits papiers de dieu
et que dieu, ce soir, est aux platines
parce qu'au septième jour, il fallait bien
que ses créatures pétillent

A.K.