je
ne veux pas je ne
veux
plus non je
rêve
de ne plus jamais entendre parler de vos
tailleurs
de ne plus voir vos
idées
de ne plus manger vos
animaux
congelés je viens du
sud
je viens d'un endroit
tropical
je ne sais pas ce que signifie le
nom
de mon conseiller financier
je
vais jouer le soir comme une petite fille et vous embobiner vous ne
me
reconnaîtrez
pas non je
grignoterai
des petits bouts de quelqu'un le matin je
jetterai
des pétales de maïs glacés au sucre par la
fenêtre
et je ne
veux
pas savoir non pas savoir ce que ça fait d'être comme ça de je ne
sais pas non ce que ça fait de
pleurer
au tribunal et de perdre sa
chair
parlons
de toi ne parlons
pas
de toi
parlons
de toi ne parlons
pas
de toi
surtout
ne dis rien ne
il
y a des épouvantails vendus au poids des chiens attachés devant le
monoprix
des
femmes
avec des codes-barres sur les mains qui
se
vendent au plus déterminé des sacs d'os qui
hurlent
en silence avec leurs orbites lorsque je
défile
là devant elles avec mon paquet de frosties moi je
voulais
juste acheter mes frosties je ne voulais pas non je ne
voulais
pas les regarder se faner comme ça car je ne peux
rien
pour elles
je
ne sais pas si je dois changer de nom lorsque je
travaille
que nous fabriquons des jolies
choses
et que pourtant nous devons
nous
appeler monsieur madame que nous devons nous
comporter
comme si nous fabriquions du papier-cul alors que nous
fabriquons
des jolies choses avec des artistes et des accessoires jetables et je
suis
très déçue très déçue oui par les conséquences de cet
entretien
d'embauche et je ne
reviendrai
plus non vous m'avez
jamais
même par temps de pluie
(je
bidouille chez moi des équations graphiques et je
fais
des jolies choses toute seule je
n'ai
pas besoin de ces fiches de paie je vais les
brûler
tant pis pour la
retraite)
je
ne veux pas oublier ma
félicité
secrète ma mission de
foxy
lady ma salive à paillettes qui est là faite pour
enluminer
vos lèvres en un baiser je vais
vous
en remontrer vous expliquer comment qu'on
s'expulse
l'air du gosier je ne vais pas y aller par quatre
chemins
non regardez là regardez la
lune
qui tombe ↓
et
qui rebondit ↑
sur
le bitume _
et
qu'est-ce que c'est beau !
je
vais me dispenser de cantine aujourd'hui je ne
vais
pas me
disperser
à écouter vos
histoires
de rien
vos pantoufles et vos
marâtres
et vos
prêts
à la consommation vos
étiquettes
sur le col vos idées reçues en
colissimo
déballées à la va-vite au détour d'un
verre-douche
froide et qui ressemblent à des
catalogues
froissés vous n'avez pas le droit non pas le droit non d'être
aussi
gris parce que moi je suis moite et franchement vous
m'ennuyez
c'est tout
je
me mets en colère je
ne
me mets pas en colère
je
me mets en colère je
ne
me mets pas en colère
alors
je vais regarder par-dessus mon épaule voir ce
qui m'observe en
cachette
voir ce qui se trame dans les
traboules
dans les
recoins
parce que ce n'est pas la peine d'être aussi
propres
d'être aussi
rangés
d'être aussi
coincés
d'être aussi
repliés
on n'a vraiment pas besoin de ça par les temps qui
coulent
et
ce sera mieux la nuit ce sera mieux sans
les
inepties de midi lorsque nous aurons appris à
être
de vrais beatniks
hippies à planter des
guimauves
dans les parcs à faire pousser des
tiges
à la place des
panneaux
de circulation à fabriquer des
jolies
choses avec nos mains sans les
codes-barres
et sans les
gants
de toilette avec des
petits
doigts filandreux des
hypothèses
et qu'il y aura des
hippocampes
en train de nager dans la
baignoire
et qu'on boira du
miel
et qu'on s'en mettra
plein
la vue qu'on oubliera
comment
on compte et qu'on se lira des
équations
comme si c'était des
poèmes
et qu'on
dormira
sur les toits et il n'y aura plus d'ennui
plus
d'ennui non
A.K.