déclinelle
elle
déclinait, oui
les
intentions
les
impressions
il
ne servait à rien d'aller contre les
épices
elle
s'entendait bien avec
elle-même
elle
s'entendait bien
dialoguer
avec l'horizon sans se soucier trop des
gens ?
ses
intuitions lui donnaient
l'avantage
« si
je pouvais lire tes pensées, tu me parlerais quand même ? »
il
y avait une complexité dans leurs
manières
dans
leur manière d'aborder les
choses
qui
ressemblait trop à une
des
complications
il
ne sert à rien d'aller contre les
épices
c'était
ce qu'un jour une apsara lui avait glissé dans la tête à l'oreille
lui avait un jour glissé oui dans la tête
une
apsara
à
cette époque, elle parlait encore parfois avec les idoles
juste
parfois
elle
rasait les murs de la fac la
mignonnette
entre parenthèses avec ses
dreadlocks
depuis
petite elle se
cherchait à se
fondre
dans le décor
c'était
ça ou faire fondre les
autres
(elle
n'y tenait pas plus que cela)
on
ne savait jamais vraiment trop son nom
elle
savait se faire
invisible
rester
hors du centre du cirque de
l'arène
la
reine que l'on attendait d'elle (tu
peux courir)
bien
planquée derrière les dreads (et
tu courras longtemps)
pourquoi
attirer la
tension ?
elle
ne voulait pas elle ne voulait pas surtout pas non qu'on se
préoccupe
de son
reflet
elle
avait compris depuis petite qu'à ne rien dire à ne rien
dire
elle entretenait son
calme
elle
ne voulait pas l'admettre mais il y avait quelque chose à être
fille
de
risqué
quelque
chose à être
belle
de
pénible
quelque
chose à être
mate
à être
étrangère
d'allure un peu même si elle n'appartenait pas à ces
peuplades
chelous
qui terrifiaient les vieux messieurs
de
pas très catholique et de d'ici
d'ici
oui et d'hindoue pourtant de
là-bas
tout à la fois dédouanée toujours dédouanée d'un doux
regard
et
grâce à ses bonnes manières, aussi
« tu
viens d'où ? »
« d'un
appartement vert avec vue sur la saône »
« tu
veux boire un café ? »
« oui,
demain matin avec mon chat »
il
n'était pas nécessairement utile de répondre à toutes ces
questions
puis
les dieux se murèrent dans le silence et d'un mutisme elle se jeta
peu à peu dans la
gueule
du monde
loop
on
lui dit parfois qu'on se souvient d'elle
la
fille timide qui rasait les murs à la fac
on
lui dit qu'on n'avait jamais osé aller lui
parler
et
elle sourit
parce
qu'elle n'était pas timide
et
ça l'amuse
et
elle songe que c'est bien
A.K.