l'image
d'un paradis n'est pas la vue d'un paradis n'est pas le paradis d'une
vue l'image
d'une
vue l'image
la vue gâchée finalement par le filtre
le
filtre sale sur ta rétine
photocopie
d'une
photocopie
d'une photocopie
tout
est
tout
étriqué par la tout est fade et poisseux la
réalité en immersion
dans
la déprivation dans la
déprivation
voir
une image de paradis ce n'est pas le paradis d'une image n'est pas
l'image d'un ni
poisseuse
mousson tristes tropiques
le
sol tapissé de choses mortes et les murs de fongus
la
viande enrobée de mouches et le col de l'utérus en flammes et cet
inconnu ravi de faire ta
connaissance
non
vraiment non pas là non vraiment pas là non pas non
j'ai
les os humides et je n'ai plus non plus
de
rythme circadien
il
paraît qu'à la maison il fait froid il paraît
il
paraît qu'à la ronde il y a des villages et des hermaphrodites
qui
se livrent à des incantations
en
saris sous la pluie sans électricité des rizières et des boues
à
perte de vue
je
suis allée au temple et j'ai négocié contre une paire de fruits
(encens,
mantra,
clochettes...)
j'ai
négocié le sommeil et les dieux m'ont volée
arnaquée
donné
plus de danse en tout et pour tout
l'incapacité
d'éteindre les rythmes
les
beats
en boucle sous mes tempes
le
cri du jour qui me rattrape
corbeaux
crieurs grossiers klaxons et le balai des femmes
tous
ligués contre ligués oui
pour
arracher le sommeil à mes aubes
pour
écarteler mon temps
époumophonées
tes
prières
éventotés
tes
inspections
écopuisée
ta danse
éreinpietée
ta détermination
pitié
pour mes cernes !
et
le putain
de saloperie de
dossier
de presse à terminer pour hier !
ils
attendront encore un peu tant pis pour mes roupies tant pis je ne
sais pas plus pourquoi je persiste à
la
vue d'un paradis c'est un décalcomanie posé sur le ciel
une
carte postale crachée bien gluante
un
peu d'haleine entabassée caféinée pour en rajouter juste une
couche à l'ozone
ce
sera ta contribution au gruau des nuages (♪
voyage
voyage ♪)
l'exhalation
des sifflements dans ta tête
linotte !
la fenêtre est une
boite en 2d je réalise à présent
qu'on nous a menti bien
embobinés oui :
la terre est ronde oui
mais le ciel
le ciel est plat
et
lorsque l'on te parle, tu n'entends que des sons
il
y a bien la plage et les tortues mortes
il
y a bien le goût du masala
pour
te réveiller un peu
et
parfois, entre deux hébétitudes
le
sourire indulgent d'un enfant
qui
sait bien que tu n'es pas des leurs même si
même
si tu leur ressembles
parce
qu'eux ils dorment et ils n'ont pas le temps non pas le temps non
de
se demander pourquoi
et
c'est indécent comme tout ici va si va si vite ici va si
bien
que pourtant tu ne voies plus les choses
qu'au
ralenti d'une
photocopie tout est
le
grand air comme un aquarium
bruits
sourds et le vent son sourdine
la
vue d'un paradis n'est pas l'image d'un paradis n'est pas la vue
d'une image la
vue
d'une
image la
vue
l'image tronquée à la marge
les
sous-titres cryptiques
qui
s'effilochent
au
fur et à mesure que le sommeil t'échappe
parfois,
tu te sens cryptide
rêvée
peut-être loin là-bas par un lunatique
un
petit bâtard qui t'aurait
inséminée
de paradoxes
et
puis t'aurait lâchement
tatoué
la nuit sur la rétine
A.K.