le
bébé des voisins je l'ai euthanasié je l'ai tu je l'ai
délivré
il
aboyait beuglait braillait sans arrêt c'était un
un
vacarme inouï une sorte d'apocalypse prématurée je
ça
faisait peur au chat
je
n'en pouvais plus non c'est vrai mais je
ce
n'est pas pour moi que je l'ai fait non pas pour moi non je l'ai
je
l'ai délivré le pauvre enfant j'y ai réflé
longuement réfléchi des heures durant pendant que les
murs
en vibraient d'effroi tant il vociférait ce bébé c'était
on
s'en serait tapé la tête contre le miroir
il
m'a fallu toute une insomnie toute une nuit oui pour comprendre
que
le poupon s'époumonait parce qu'il
il
ne voulait pas être là non pas là c'était très clair
parce
que quelqu'un qui hurle sa détresse avec autant d'obstination de
manière si inflexible il ne il n'est
il
n'est pas heureux non
alors
je suis entrée en douce un soir que papa maman s'opiumaient devant
la télé
je
lui ai caressé la tête et j'ai murmuré ne crains rien bébé je
vais mettre fin
mettre
fin à ton calvaire je comprends moi que cet endroit ne te convient
pas ça ne te convient pas non pas du tout
tes
parents sont égoïstes ils ne pensent pas à toi mais moi je sais
faire preuve
je
sais faire preuve d'humanité
puis
doucement tout doucement oui j'ai pressé l'oreiller je l'ai renvoyé
je
l'ai renvoyé là d'où il venait
cet
endroit que l'on ne connaît pas mais qui doit être assez joli mieux
qu'ici en tout cas
à
présent ils vocifèrent qu'il faut m'enfermer dans un asile une
prison il y en a même pour vouloir
pour
vouloir me trancher la tête
mais
moi je sais je le sais bien oui que ce bébé
il
était malheureux ce bébé c'est tout
malheureux
comme les pierres et je n'ai fait que l'aider c'est tout
les
adultes ils sont bêtes ils ne pensent qu'à eux
ils
ne comprennent pas le langage des bébés
A.K.